Si la liberté de conscience est absolue…
La question établit que la conscience jouit d’une liberté absolue. Ce postulat serait cependant à assujettir à une forme d’éducation de cette conscience. Cette éducation aurait pour but de concourir à ce que chaque être humain ait conscience d’être, et qu’il donc libre dans sa construction et son expression.
La liberté de conscience serait absolue au point que, même dans la pire des dictatures, on pourrait considérer que chaque être humain demeure libre de penser ce qu’il souhaite dans son for intérieur. Personne, avec les technologies actuelles, n’est en mesure de lire dans nos pensées. Par ce simple fait, nous jouissons d’une liberté absolue de conscience. Mais attention à sa manifestation au travers de son expression physique et/ou verbale.
… qu’en est-il de la liberté d’expression ?
Exprimer ses idées peut porter à polémiques. En effet, que ce soit au niveau de la valeur ou que ce soit au niveau du contenu, cela dépend de l’attention que l’on y prête. Les idées que l’on impose de manière fallacieuse et qui de surcroît semblent soit injustes, soit mauvaises, sont perçues comme pouvant nuire à la société. Chacun les reçoit de façon unique et personnelle en fonction de son système de croyances.
Cette perception est à l’origine d’une forme de régulation faite, au sein d’un groupe, dans une société. Ce besoin de régulation a donné naissance à des lois qui fixent des limites en terme d’expression verbale et/ou écrite de notre conscience.
En France, le délit de blasphème n’existe plus depuis la Révolution. La laïcité de l’État est à l’origine de cette liberté d’expression que d’autres pays condamnent jusqu’à une mise à mort de son auteur. En Tunisie, l’appartenance à la franc-maçonnerie expose à la peine de mort. En France, le législateur punit quiconque exprimerait en public des propos racistes, discriminants alors même que nous sommes en mesure d’avoir de telles idées. Nous jouissons donc bien d’une totale liberté de conscience en la matière, et ce même dans les pires dictatures.
Platon, qui avait analysé les politiques de son époque, dénonçait la manipulation opérée par les proches du pouvoir en place. Aujourd’hui, nous avons des lanceurs d’alertes, des « fake news » aux « fake face » récemment dévoilées, qui sont utilisés pour dénoncer tel ou tel fait, et/ou alimenter des théories du complot.
Si le téléphone, le télégraphe ont permis de rapprocher les Hommes, l’avènement de l’Internet et la transformation digitale de nos sociétés pourraient conduire à des isolements, à des abus, sous le couvert d’une liberté d’expression galvaudée. En un clic de souris, confortablement installés devant l’écran de leur PC ou en tapotant sur leur Smartphone en tous lieux, des groupes, sur des réseaux sociaux, sont en mesure de nuire à un individu, de faire prendre des vessies pour des lanternes à l’échelle de toute une tranche de la population.
Dans une approche positive, au service de l’Homme, l’Intelligence artificielle, sous une forme ou une autre, est l’avenir de cette digitalisation de tout et de toute chose. Quelle immense avancée technologique que de pouvoir à toutes heures du jour ou de la nuit pouvoir consulter un médecin généraliste ou spécialisé virtuel au travers d’un réseau dédié avec vidéo et son. Demain ce sera un hologramme qui interagira avec vous dans votre salon. Dans cent ans, nous ne concevrons plus de nous passer des systèmes issus de cette Intelligence artificielle toujours plus performante pour ne pas dire efficace, mais attention aux dérives.
Les Big Data sont potentiellement un réel danger, pour une personne, une nation, une région du globe. Avec les Big Data, l’usurpation d’identité se fait en quelques clics de souris, de lignes de programmation. Tout connaître de tout le monde ce n’est pas le meilleur reflet d’une société humaine bâtie sur le principe du respect de la liberté individuelle. Les Big Data sont au cœur des polémiques. Ils agissent effectivement sur les consciences par la puissance de moyens sans limites : choix des algorithmes, maîtrise de ce qui peut être vendu ou non, mainmis sur la liberté de création littéraire, artistique, voire même, asservissement de l’information. Ils conduisent déjà à une utilisation de données personnelles, non désirée par l’individu et à son insu.
En conclusion
Aussi loin que l’on remonte dans le temps, quand les individus ont eu la possibilité de se rassembler pour faire connaître des idées différentes de celles exprimées par le pouvoir en place, l’utilisation de divers moyens (chansonnettes, pamphlets, etc.), a permis l’expression directe de pensées dissidentes. Ces moyens d’expression continuent d’être utilisés lors de manifestations publiques contre des pouvoirs en place, institutions, employeurs, etc.
Les libertés de conscience et d’expression sont devenues un droit fondamental dans notre société actuelle, inscrites dans le droit à une liberté individuelle. Ce que nous avons tendance à perdre de vue, c’est qu’un droit implique un ou plusieurs devoirs.
Nous avons le devoir d’éduquer chaque individu sur les bienfaits et les dangers de cette liberté d’expression, mais plus encore de sauvegarder notre liberté de conscience, qui risque de nous échapper si l’Intelligence artificielle, couplée aux Big Data, parvenait à nous mettre en tête, donc en conscience, telle ou telle chose. Cela conduirait à une manipulation de masse des populations qui, instrumentalisées dans leur conscience, exprimeraient des idées avec une véracité apparemment indiscutable pour un profane, mais qui ne seraient pas issues de leur vraie conscience.
Tout, dans notre conscience de francs-maçons, doit nous inciter à la plus grande vigilance, à l’intérieur comme à l’extérieur du Temple.
TUA — 2019